En août 1984, la Chine Populaire s’ouvrait au tourisme international, au sortir de la Révolution Culturelle.
Un voyage organisé d’un mois fut proposé au départ de La Réunion par Le Bureau National de Tourisme Chinois. Dans des conditions exceptionnellement propices à la photographie, Jean PHILIPPE, se mêlant à la population curieuse et peu habituée aux visages étrangers, découvrit cet immense pays du continent asiatique, fasciné par son mode de vie et les comportements traditionnels, les constructions monumentales et les vestiges parfois bimillénaires.
Guilin
La ville de Guillin
Guilin, petite ville du sud de la Chine, se trouve dans une région calcaire karstique spectaculaire. L’érosion éolienne et des eaux a donné naissance à une multitude de collines à l’aspect surprenant de «dents de dragon». Beaucoup ont été dénommées selon leurs formes, telle la colline en trompe d’éléphant, la colline aux couleurs accumulées, ou la colline du chameau.
Croisière sur la rivière Li Kiang
Le Li Kiang, l’une des principales rivières de Guilin, coule doucement vers le Sud en décrivant des tours et des détours. En descendant le Li Kiang à partir de Guilin, on arrive à Yangchou, située 80 km en aval.
Hangshou
Capitale de la province du Zhejiang, Hangshou est située à environ 200 km de Shangai, non loin de l’embouchure de la rivière Quian Tang et du célèbre lac de l’Ouest dont la beauté du site a été célébrée depuis des siècles par les chanteurs et poètes chinois.
Nankin
Nankin signifie «Capitale du Sud». Elle est située sur la rive méridionale du fleuve Yang-Tsé. C’est une cité plus que bimillénaire, capitale à maintes reprises, dont la physionomie se forma à l’époque des Ming (XIVe siècle). Sun Yat Sen, fondateur de la République Chinoise en 1912, repose à Nankin dans un mausolée, érigé sur le versant méridional de la montagne de Pourpre. Ce monument fut terminé en 1929, date à laquelle la dépouille de ce héros national fut ramené de Pékin. Jusqu’en 1968, sur un site où le Yang-Tsé est très large et a un débit particulièrement important, les communications étaient très compliquées. Elles ont été fortement facilitées après la construction, commencée en 1960, d’un grand pont de 6,7 km sur le fleuve.
Shangai
Shangai est une des plus grandes villes du monde et le premier port de Chine.
Elle ne se trouve pas directement au bord de la mer mais est située sur la rive gauche du Huang Pu, lequel se jette dans le Yang Tse Kiang, dont l’estuaire se perd dans la mer de Chine orientale. La vieille ville, ou «ville chinoise», accueille une population nombreuse et bigarrée dans le respect des coutumes et des traditions. Au début du XXe siècle, la «ville chinoise» de Shangai était encore entourée d’un rempart. Deux larges avenues suivent le tracé de ces anciennes murailles. L’intérieur de ce quartier est parcouru par un dédale de ruelles inextricables où l’on peut se perdre facilement si l’on n’est pas accompagné.
Non loin de la vieille ville de Shangai, se trouve le jardin du mandarin Yu (Yu Yuan), installé en 1537 et remis en état récemment. Il est divisé en deux parties, un jardin extérieur parsemé de pavillons, de rochers et de pièces d’eau, et un jardin intérieur réservé aux femmes, conçu de la même façon, mais nettement plus petit.
Le quartier des affaires de Shangai est dans le centre de la ville. Il est situé au sud de la rivière Wu Song. La plupart des rues se croisent ici à angle droit. L’artère principale est «Le Bund», qui part de l’endroit où le Wu Song se jette dans le Huang Pu, et suit ce cours d’eau jusqu’à hauteur de la vieille ville chinoise. L’avenue plantée d’arbres forme une promenade le long du fleuve, animé par le trafic des jonques et des bateaux à moteur.
Xian
Xian, capitale de la province de Chensi, est une cité dont l’histoire remonte à plus de 3000 ans.
Elle est située dans le bassin de la rivière Wei, affluent du Huang He (Fleuve Jaune). C’est à l’époque de la dynastie des Tang (618 – 907) que la ville connut sa plus grande splendeur. Nombreux sont les vestiges du passé découverts dans la région de Xian. L’attention du monde a été attirée récemment par les découvertes extraordinaires faites par les archéologues chinois près du tumulus du «premier auguste empereur des Qin» (221 – 209 av. J.C.), fondateur de l’empire céleste. Ce tumulus est son tombeau. Haut de plus de 80 m, 100.000 ouvriers ont participé à son édification. Les survivants furent enfermés dans le tombeau pour préserver le secret de la sépulture. Près du tumulus, on a découvert à l’occasion d’une «grande fouille» d’impressionnantes statues de guerriers plus grandes que nature. En 1984, 520 soldats, 24 chevaux et 6 chars ont été déterrés. 4 grandes fosses constituent la grande fouille. Le nombre total de pièces espérées est évalué à 6000 environ.
À une cinquantaine de km à l’est de Xian, s’élève le Mont Li Shan, célèbre pour ses sources chaudes. Dès l’antiquité, les princes résidant à la capitale avaient coutume de s’y rendre pour prendre les bains. L’empereur Tai Zong (627 – 649) s’y fit construire un palais que ses successeurs firent agrandir et que l’on nomme, d’après la source, «Palais de la pureté glorieuse» (Hua Qing Gong). Après la chute de l’empire, une station thermale fut installée à cet endroit.
Pékin
La Grande Muraille et les tombeaux Ming
La grande Muraille est appelée par les Chinois «Wan li chang cheng» ce qui signifie «la longue muraille de 10000 li».
Elle s’étire sur une distance d’environ 2200 km à vol d’oiseau, ce qui couvre au moins quatre fois cette distance si l’on tient compte des nombreux lacets, doublements, et tronçons divers. Son histoire remonte à l’antiquité. Dès le 5e siècle av. J.C. des remparts de terre furent élevés pour se protéger des barbares. Aux environs de Pékin, la Grande Muraille a 6 à 7 m de haut, 6,5 m de large à la base, et 5,5 m au sommet. La Grande Muraille reste le plus important des monuments élevés par l’homme.
Deux millions d’esclaves et paysans, surveillés par 300.000 soldats, l’ont construite pendant dix ans à l’instigation du roi Qin Shi qui prit le titre de Huangdi (empereur) en 221 av. J.C. Il relia ces tronçons entre eux et édifia ainsi une première muraille continue.
Les tombeaux Ming se trouvent à une cinquantaine de km de Pékin. «L’allée des esprits» qui mène aux tombeaux est bordée d’abord de statues d’animaux, lions, chimères, chameaux et éléphants, ensuite de statues de fonctionnaires civils et militaires. Les éléphants, sculptés dans un seul bloc de pierre, ont environ 4 m de haut, et datent comme les autres sculptures du XVe siècle. L’allée des esprits aboutit à un portique qui s’ouvre sur le tombeau Chang Ling. Il abrite les restes du 3ème empereur des Ming, Yong Le, qui régna de 1403 à 1424. C’est lui qui commanda le site des tombeaux Ming, ainsi que la Cité Interdite et le temple du Ciel. Son mausolée est le plus important des treize tombes impériales.
Pékin, capitale du Nord
C’est en 1421 que la dynastie des Ming choisit la ville pour y installer le siège central du Gouvernement. La nouvelle capitale reçut le nom de «Beijing», capitale du Nord, qui la distingue de l’ancienne capitale, Nankin, capitale du Sud. Pékin, 10 millions d’habitants, 2 millions de vélos, il faut de l’espace pour tout ce monde et les divers véhicules ! Au coeur même de Pékin, face à la Cité Impériale, la place Tien An Men, littéralement «place de la porte de la Paix céleste», s’étend sur près de 40 hectares. En bordure, au centre, se trouve le Mausolée Mao Tse Toung contenant la dépouille embaumée du célèbre président décédé en 1976. C’est lui qui fit de la place Tien An Men le centre historique de la Chine Populaire en y hissant le 1er octobre 1949 le drapeau rouge de la nouvelle république.
Pékin, la Cité Interdite
Occupant une superficie de 720.000 m2, la Cité Interdite, créée par l’empereur Ming Yong Le (1403 – 1424), renfermait entre ses murailles roses les édifices officiels au Sud, et les palais et habitations de l’empereur et de sa cour au Nord, qui furent reconstruits ou restaurés du XVIIe au XIXe siècle. L’ancienne ville impériale était interdite aux étrangers. Quatre portes permettent l’entrée dans la Cité : Wu Men au Sud, Shen Wu Men (porte de la Fierté céleste) au Nord, Dang Hua Men à l’Est, et Xi Hua Men à l’Ouest. Après avoir franchi la porte Sud, on pénètre dans une vaste cour pavée au milieu de laquelle coule la Rivière d’Or (Jin Shui He). Cinq ponts en marbre symbolisant les cinq vertus permettent de la franchir. On accède par la porte de «l’harmonie suprême» aux trois grands pavillons réservés aux cérémonies officielles : le pavillon de l’harmonie universelle, le pavillon de l’harmonie parfaite, et le pavillon de l’harmonie éternelle.
La Cité Interdite est un ensemble de halls, telle la salle de l’harmonie suprême, longue de 52 m et large de 30 m, qui servait de cadre aux cérémonies les plus solennelles, et un ensemble de palais (palais de la Pureté céleste, palais de la Tranquillité céleste, palais de la Nourriture de l’esprit, palais de l’Abstinence, etc…). Ces palais étaient semblables les uns aux autres et séparés par de vastes cours, par des terrasses de marbre blanc, et par la rivière serpentine des Eaux d’Or. Dans la partie privée de la résidence impériale, trois pavillons se dressent dans la cour intérieure : le pavillon de la Pureté céleste, résidence de l’empereur, le pavillon de la Concorde, salle du trône de l’impératrice, le palais de la Paix terrestre, où l’empereur et l’impératrice passaient leur nuit de noces…
Le Palais d’été, le Temple du Ciel, et le bateau de marbre
Le Palais d’Été est situé à 15 km au nord-ouest de la Cité Interdite, non loin de l’ancien palais mis à sac et entièrement incendié par les troupes anglo-françaises en octobre 1860. La fameuse impératrice douairière Tseu Hsi ordonna sa reconstruction à la fin du XIXe siècle. L’ensemble des palais et jardins couvre une superficie de 2,7 km2. Une galerie couverte s’allonge au Nord sur un peu moins d’un km, le long des bords du lac Kun Ming. La charpente de la toiture de cette galerie est décorée à l’intérieur par plus de 5000 peintures représentant des scènes illustrant l’histoire, la mythologie chinoise, ainsi que des paysages de la Chine méridionale.
Si l’on continue la promenade le long du lac Kun Ming en direction de l’Ouest en suivant la galerie, on parvient au célèbre bateau de marbre. Il aurait été construit en 1755 par l’empereur Qi An Long (dynastie Ming). Sculpté à partir d’une énorme roche, il fait 36 m de long et a l’apparence du marbre. L’impératrice Tseu Hsi a «embelli» le bateau en y faisant ajouter les grandes roues à aube et les substructures. Elle assistait, depuis le bateau de marbre, aux exercices des unités navales sur le lac Kun Ming.
Le Temple du Ciel reste un des plus remarquables exemples d’architecture Ming qui ait survécu jusqu’à nos jours. Le temple est entouré de deux enceintes murées. Celle de l’extérieur est longue d’environ 6,5 km et celle de l’intérieur de 4 km. L’édifice le plus remarquable est le Huan Qiu Tan. C’est un tertre circulaire plus connu sous le nom «d’autel du ciel», édifié en 1530 et agrandi au XVIIIe siècle. L’ «autel» se compose de trois terrasses circulaires superposées, entourées de balustrades. Il est entièrement en marbre blanc. Trois escaliers de 9 marches permettent d’accéder à la terrasse supérieure, au centre de laquelle se dresse un autel circulaire. Autour de celui-ci, sont scellées 9 dalles concentriques, et l’ensemble de la terrasse est pavé de 9 fois 9 dalles. Le chiffre 9 était un des symboles de l’empereur et du ciel. C’est ici que l’empereur, en tant que «fils du ciel», célébrait les rites de la nuit du nouvel an, après avoir jeûné et s’être purifié dans un des pavillons du palais de l’Abstinence, et avoir «rapporté» au Ciel les événements importants de l’année écoulée.
Canton
Canton est une des plus grandes villes de la Chine méridionale, située au nord du delta de la rivière des Perles. La ville contemporaine est une création de Sun Yat Sen qui fit raser des quartiers anciens, enchevêtrements chaotiques de ruelles étroites plus ou moins insalubres, percer des avenues, et installer les égouts. Pour éviter aux deux roues les collisions avec les moyens de transport modernes, les bicyclettes doivent utiliser les pistes qui leur sont réservées de part et d’autre de l’avenue, voies empruntées également par les piétons.
Hong-Kong
Par le traité de Nankin qui en 1842 mit fin à la guerre de l’opium, l’île chinoise de Hong-Kong (le «port des Parfums») fut cédée à la Grande Bretagne.
Promue colonie britannique l’année suivante, Hong-Kong, île rocheuse sans eau, ne serait pas devenue le grand port de transit que l’on connaît sans l’adjonction de la presqu’île de Kowloon, acquise en 1860, et des Nouveaux Territoires, loués en 1898 pour 99 ans. Le port franc de Hong-Kong, véritable paradis fiscal, draine les exportations chinoises; et la colonie attire les investissements qui concourent à stimuler son expansion industrielle fondée sur l’existence d’une main d’oeuvre habile, en surpeuplement du fait de la crise du logement. Hong-Kong est située à l’embouchure de la rivière des Perles, 120 km en aval de Canton. Elle a une superficie totale de 1031 km2 mais l’île où se trouve Victoria, la capitale, n’a que 82 km2. Faute de place, Hong-Kong se développe donc en hauteur par l’intermédiaire de gratte-ciel de plus en plus élevés. Sur une bande de quelques km de profondeur, entre la mer et les collines, s’entassent des immeubles ultra-modernes au nombre d’étages impressionnant.
À l’ouest de Hong-Kong, se trouve le port d’Aberdeen. On peut y diner sur des restaurants flottants illuminés, entourés d’une flottille de plus de 10.000 sampans à fond plat, sur lesquels vivent plus de 100.000 personnes agglutinées ne mettant pied à terre que le plus rarement possible. C’est un véritable bidonville flottant, capharnaüm de bateaux enchevêtrés, encombrant la baie d’Aberdeen. Il offre un abri temporaire, sinon permanent, aux dizaines de milliers de candidats au logement. Le visage de Hong-Kong est celui d’un monde capitaliste dans lequel coexistent la richesse du monde affairiste et commercial et la misère des populations des quartiers flottants d’Aberdeen et des bidonvilles de Kowloon.
