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Le cirque de Mafate

Le cirque
de Mafate

À 800 km à l’est de Madagascar, l’île de La Réunion est le sommet émergé sur 2512 km2 d’une montagne de lave plongeant dans les eaux de l’océan Indien jusqu’à une profondeur de 5000 mètres. Au nord-ouest de l’île, le cirque de Mafate, d’une superficie de 9500 hectares, fait partie d’un ensemble de trois cirques d’origine volcanique dont la partie centrale commune, le Piton des Neiges, culmine à 3069 m d’altitude. Mais alors que le cirque de Salazie, 6467 habitants, et le cirque de Cilaos, 5736 habitants, sont désenclavés par un réseau routier qui permet à la population les échanges indispensables avec les villes du littoral, le cirque de Mafate, 651 habitants, présente la particularité de rester isolé du «reste du monde». C’est une île dans une île.

Un relief d’effondrement haché par l’érosion

Comme Cilaos et Salazie, Mafate est un ancien cratère effondré de manière spectaculaire puisque ses remparts abrupts peuvent dominer de près de mille mètres le fond de l’excavation.

À partir des fissures, les eaux de ruissellement exécutèrent un puissant travail de creusement, hachant littéralement le paysage, et déterminant ainsi un certain nombre de plateaux délimités par de profondes ravines. L’ensemble constitue le bassin versant de la Rivière des Galets qui se jette dans l’océan Indien au voisinage du Port.

Les pitons et les crêtes

Les pitons prestigieux dominant Mafate ont pour nom le Grand Bénare (2900 m d’altitude), qui fait face au Gros Morne (2991 m), à l’ouest du massif du Piton des Neiges, puis, émergeant encore des nuages d’été qui montent l’après-midi, le Morne de Fourche (2268 m) au premier plan, en retrait le Cimendef (2226 m), et au fond la Roche Écrite (2277 m).

Parallèlement, trois crêtes imposantes demeurent les témoins des coulées volcaniques du Piton des Neiges : la crête des Calumets, la crête de la Marianne, qui s’étire sur près de cinq kilomètres entre 1000 et 2000 m d’altitude, et la crête d’Aurère aboutissant au Piton Cabris. Les 651 Mafatais habitent sur les plateaux communément appelés «îlets». Le mot «îlet» désigne également le village ou regroupement de cases. Curieusement, ce furent les difficultés du relief qui encouragèrent les premiers habitants, des esclaves en fuite, à s’installer dans le Cirque pour s’y réfugier. Ils espéraient ainsi échapper aux recherches effectuées par les «chasseurs de noirs» en quête des primes octroyées par le Conseil Supérieur de Bourbon à partir de 1726 : 30 livres de récompense pour chaque esclave «marron» pris mort ou vif.

Les sentiers, seuls moyens de communication

Depuis toujours, le Cirque de Mafate est synonyme d’isolement, de solitude et d’inaccessibilité. Son relief tourmenté et chaotique empêche la route de pénétrer au coeur de cet ancien cratère. Seuls les sentiers de randonnée, parfois vertigineux comme celui du Grand Rein, qui mène à l’îlet d’Aurère, permettent une circulation entre les lieux de vie de l’intérieur et les villes du littoral. Parfois il faut gravir des cols, comme le col des Boeufs qui assure la liaison entre le Cirque de Salazie et la forêt de tamarins qui domine La Nouvelle, ou bien le col du Taïbit (2082 m), dont le franchissement est indispensable pour rejoindre la route de Cilaos. Pour sa part, le sentier «canal» assure une liaison entre Ilet aux Orangers et l’agglomération de Sans Souci dans les hauts de Saint-Paul. Relativement plat, ce sentier représente une solution agréable malgré les 12 km à parcourir. Enfin, une dernière voie d’accès reste le lit de la Rivière des Galets qu’il est indispensable de franchir à gué une quinzaine de fois au cours des 18 km nécessaires pour atteindre Grand’ Place. Dans ces conditions, les Mafatais vivent en autarcie relative, organisant leur habitation et l’espace environnant afin de profiter au maximum des ressources potentielles.

Il y a environ 120 km de sentiers dans le Cirque entretenus régulièrement. Mais après les périodes de fortes pluies dues aux dépressions tropicales, ils sont refaits entièrement et les peintures sont remises.

En effet, consécutivement au ruissellement et à l’affaiblissement des surplombs gorgés d’eau, les rochers s’effondrent et les peintures disparaissent complètement. À l’entrée de la saison sèche, le gros des travaux est terminé. L’O.N.F. profite alors de l’absence d’eau dans les ravines pour améliorer les traversées de sentier en posant parfois quelques buses qui maintiennent une possibilité de passage aux habitants par tous les temps. L’entretien des sentiers est réalisé en équipe par les ouvriers habitant dans le secteur concerné. Paradoxalement, c’est une taxe sur l’essence qui alimente les crédits d’entretien de Mafate.

Les îlets habités

La population de Mafate, 651 habitants au recensement de novembre 1987, habite sur des îlets.

Les principaux sont au nombre de huit. 132 personnes vivent à La Nouvelle, 1400 m, et 30 personnes habitent à Marla, 1600 m. Grand Place, composé respectivement de Grand Place les Bas, 530 m, Grand Place Boutique, 650 m, et Grand Place les Hauts, 850 m, est habité au total par 109 personnes. De leur côté, Ilet à Bourses, 850 m, accueille 59 personnes, Ilet à Malheur, 830 m, 68 personnes, Aurère, 930 m, 61 personnes, et Ilet aux Orangers, 1000 m, 82 personnes. Enfin, 69 personnes vivent à Roche Plate, 1100 m.