Biographie
« Toute ma vie, j’ai fonctionné à l’affect. Pour moi, chacun émet, sans qu’il en soit conscient, des ondes positives ou négatives. Ces ondes d’affect reflètent ce que l’on est, le fruit d’une construction affective de notre personnalité marquée par les épreuves de la vie. C’est cette édification qui nous rend sociable, bienveillant et ouvert aux différences de l’autre, ou bien solitaire, aigri et fermé sur nous-même selon l’humeur du moment. À l’évidence, les animaux perçoivent ces vibrations que nous émettons inconsciemment. Ils manifestent alors leur joie, leur inquiétude ou leur agressivité à notre contact, confirmant que nous exprimons notre bien-être, notre mélancolie ou notre colère à travers ces bouffées affectives que nous projetons. »
Jean PHILIPPE, « Philo » pour ceux qui le connaissent, est né en janvier 1942 à Lyon, de mère couturière et de père coiffeur.
Après sa réussite au concours d’entrée en 6ème organisé par le prestigieux Lycée du Parc à l’intention des élèves méritants sortant de l’école primaire publique, il y fit ses études à partir de 1953 grâce à une bourse de la Ville de Lyon qui pondérait les moyens modestes de ses parents. À l’époque, lorsqu’on allait au lycée, il fallait acheter les livres scolaires; et, entre autres, les mythiques dictionnaires Gaffiot Latin-Français étaient hors de prix…
Très vite, Philo s’adapta à l’éducation bourgeoise de ses nouveaux camarades de classe, parfois amenés au lycée en limousine avec chauffeur. Lié d’amitié avec l’un d’eux, il découvrit Wagner et la musique classique à l’occasion d’après-midis passés chez lui à jouer aux échecs. Son père était équipé d’une des premières chaînes Hi-Fi proposées dans les années 50…
Après son baccalauréat, Philo se destinait à devenir Professeur d’Éducation Physique. Mais finalement, il s’orienta vers la carrière d’Instituteur Spécialisé dans l’Enfance Inadaptée, option Déficients Intellectuels, qui lui permit de mettre à profit son attirance pour la relation humaine et sa motivation à être à l’écoute de ses élèves. Des études en Psychologie de l’Enfant confortèrent son jugement.
« Le retard intellectuel des élèves de milieu social défavorisé était provoqué le plus souvent par une insuffisance flagrante de stimuli dans la petite enfance et non par une cause génétique… J’ai observé que la meilleure période, pour permettre à ces enfants en difficulté de s’épanouir, était celle de l’adolescence. Je me suis donc évertué à travailler dans des établissements recueillant des jeunes de cette tranche d’âge. »
Dans ces conditions, Philo enseigna d’abord à l’IMPro de Taron, près de Roanne dans la Loire. Cet établissement accueillait une centaine de jeunes déficients intellectuels de 14 à 18 ans scolarisés et recevant une formation professionnelle. Puis, muté à l’Île de La Réunion, il exerça dans des établissements privés recueillant un public inadapté adolescent, avant de revenir dans le secteur public et se fixer à la SEGPA du Collège Paul Hermann de Saint-Pierre où il termina sa carrière.
Avant cela, il avait fait son Service militaire à Settat au Maroc de 1967 à 1969 comme professeur de Mathématiques au titre de la Coopération.
« Emilie et moi étions mariés depuis fin 1966. Institutrice comme moi, elle a pu postuler et m’accompagner au Maroc en tant que professeur d’Histoire et Géographie.
De retour en France après trois ans de Coopération, nous avons, à ma demande, été nommés tous les deux à l’IMPro de Taron, où j’avais exercé avant d’être rattrapé par l’obligation de faire mon service militaire. Dans le souci de devenir titulaires de nos postes, nous avons suivi la formation « Certificat d’Aptitude à l’Enfance Inadaptée ». Notre diplôme obtenu, nous avons toujours travaillé côte à côte car nous demandions des postes doubles dans les mêmes établissements. Nos classes étaient souvent mitoyennes. Cela nous a permis de vivre pleinement notre vie de couple sans vraiment connaître la séparation physique provoquée par des affectations éloignées qui use parfois la relation sur le long terme.»